16.11.10

Dans la cave de Larry


Exercice des contraintes avec 3 phrases imposées
Tiré du Writer’s Toolbox, de Jamie Callan
3 bâtonnets, sur lesquels est écrite une phrase, sont pigés pour stimuler l’écriture.

1er bâtonnet : Il y avait 17 chats dans la cave de Larry.
On démarre le récit et on écrit pendant 6-7 minutes.

On pige le 2ème bâtonnet : J’ai décidé que la seule solution était de le séduire.
On poursuit le récit en y incluant cette phrase (6-7 minutes)

On pige le 3ème bâtonnet : La chose qu’il fait avec le journal.
On conclue le récit en y incluant cette phrase (6-7 minutes)

Voilà ce que j’ai pondu.



Il y avait dix-sept chats dans la cave de Larry.  Il y en avait de toutes les couleurs et grosseurs.  Ils vivaient là en maîtres et rois.  Quand je suis descendue là, je n’en croyais pas mes yeux.  Ils étaient partout.  Au sol, sur les bords de fenêtres, sur les deux chaises et trois tables qui formaient le seul mobilier de cette grande pièce au sol de béton et dans les marches d’escalier, évidemment.

Larry était tout fier de me montrer son troupeau et ne semblait pas du tout gêné par l’odeur infecte qui régnait chez lui.  Je me devais de le convaincre que l’insalubrité des lieux allait lui valoir une amende et peut-être une maladie mais je me doutais bien qu’avec la personnalité qu’il a, ma tâche serait difficile.  Je décidai que la seule solution était de le séduire.  Peut-être mon charme viendrait-il à bout de son esprit obtus…

J’ai donc sorti mon arsenal de clichés de femme fatale (sourire mielleux, yeux doux, gestes lents) pour lui dire, de ma voix la plus sensuelle, comment je le trouvais unique, spécial et extraordinaire.  Je me suis appuyée à l’une des tables et, tout en parlant, d’une main, je caressais un chat, de l’autre, je déboutonnais ma chemise.  Je le voyais me regarder, les yeux et la bouche grands ouverts, figé sur place, silencieux.

Mais d’un coup, il s’est mis à parler, parler, sans arrêt.  Sa nervosité l’a fait se transformer en moulin à paroles.  Il s’est mis à raconter tout ce qu’il pouvait trouver comme anecdote concernant ses foutus chats.  Et au détour d’une histoire, je ne sais plus laquelle, il ajoute : « Y avait même un article dans le journal là-dessus la semaine passée!  Attends… »  Et il se précipite à l’autre bout de la pièce, dont le plancher était recouvert de papier journal, se met à genoux et je fige à mon tour.  De ses mains nues, il pousse les crottes de chat à droite et à gauche, souffle çà et là pour faire sécher l’urine, prend la feuille et la lève à bout de bras vers un rayon de lumière et s’exclame, tout souriant « Là, c’est ici que c’est écrit! » 

Cette chose qu’il a faite avec le journal a signé mon arrêt de mort.  J’ai pris mes jambes à mon cou et j’ai déguerpi.